Vista do porto da cidade de Ponta Delgada na ilha de S. Miguel. Elogio Histórico do Rei D. Pedro IV, pelo Marquês de Resende, 1836. Palácio Nacional de Queluz |
Em todos os meios e em todos os países interessavam-se agora à causa da jovem rainha. A Faculdade de Filosofia de Munich propunha como tema do concurso à sucessão portuguesa, les couturières du faubourg Saint-Honoré taillaient des robes vaporeuses dans un tissu appelé "gaze dona Maria" et tous les soirs, dans la salle du Gymnase, les spectateurs venaient applaudir l'acteur Bouffé que encarnava dom Miguel na peça de Scribe et Bayard, le Luthier de Lisbonne.
D. Maria II, rainha de Portugal A pintura, no verso datada de 1827 [?], foi encomendada por George IV e representa a jovem rainha em 1829, . Royal Collection Trust |
L'arrivée de dom Pedro, dûment annoncée dans la rubrique des cinq jours du Voleur où son nom figurait à côté de celui du vicomte de Chateaubriand, également attendu à Paris, mit en émoi le cour de Louis-Philippe.
Le baron Attalin, aide de camp du roi — et que les mauvaises langues disaient marié secrètement à Mine Adélaide — se rendit en personne à Meudon pour veiller aux derniers préparatifs. Le duc de Castries qui dirigeait les haras dut, séance tenante, quitter les appartements qu'il occupait et une garde d'honneur de la garnison de Versailles vint prendre ses quartiers au château.
Dans les salons tirés de leur assoupissement, les femmes de chambre époussetaient les commodes aux bronzes de Feuchères et les vases de Sèvres, les frotteurs faisaient briller les parquets qu'avaient effleurés vingt ans auparavant les cothurnes de Marie-Louise et les valets suspendaient à la hâte les miroirs et les tableaux empruntés aux magasins de la Couronne pour compléter l'ameublement.
Construit par Mansart, le château de Meudon, avec ses balcons aux balustrades de fer forgé soutenus par des cariatides, ses hautes baies et son perron, avait encore grand air.
Au xvne siècle il avait abrité les amours de Mlle Chouin et du Dauphin, puis la nostalgie du roi Stanislas, chassé de Pologne, et enfin, pendant la campagne de Russie, les jeux du petit roi de Rome.
De la terrasse d'où l'on embrassait un panorama qui s'étendait jusqu'aux toits gris de Paris dominés par la coupole des Invalides et les tours de Notre-Dame, de larges escaliers descendaient vers le parc.
Sous la monarchie de Juillet, les bosquets, ombreux, les jets d'eau et les bassins du siècle de Le Nôtre voisinaient bourgeoisement avec les melons du potager, les ifs roides et savamment taillés avec les berceaux de rosiers et de noisetiers d'une exubérance romantique.
L'empereur avait eu le tact de déclarer qu'il ne voulait pas re-présenter une charge pour la France et tenait à payer lui-même ses dépenses d'entretien.
Il arriva à Meudon le samedi zo août. Une pluie fine tombait sur les frondaisons des tilleuls et des f marronniers qui, de leur double haie, bordaient l'allée.
A peine descendu de voiture, il commença par visiter du bas en haut sa nouvelle demeure, la bibliothèque, la salle de billard, les salons, les chambres à coucher. Faisant office de majordome, il distribua lui-même les logements à sa suite.
Celle-ci comprenait deux cham-bellans — le marquis de Resende et Rocha Pinto —, deux secré-taires — Gomes da Silva et le chevalier d'Almeida. —, un médecin — le Dr Tavares, mulâtre qui à ses moments de loisir faisait des vers — et le capitaine Bastos, le seul officier de l'armée brésilienne à l'avoir suivi en exil.
La jeune reine était accompagnée de sa gouvernante, dona Leonor da Camara et de cinq domestiques, et la duchesse de Bragance de sa dame d'honneur, la baronne de Sturmfeder, d'une dame d'atours, de deux femmes de chambre et d'un valet de pied.
Une vingtaine de personnes s'installèrent ainsi tant bien que mal dans le château et ses dépendances.
Soucieux du confort de son hôte, Louis-Philippe mit à sa disposition un piqueur, vingt-cinq chevaux et six voitures.
Les palefreniers eurent cependant vite la nostalgie du Palais-Royal car leur nou-veau maître inspectait sans cesse les écuries, prétendait qu'en France on ne savait pas panser les chevaux et n'hésitait pas à se coucher sous une voiture pour vérifier si elle avait été bien nettoyée (r).
Dom Pedro sortait beaucoup. Tout l'intéressait, et ces promenades qu'il entreprenait souvent seul, allant à Saint-Cloud sous une pluie battante pour y voir les jeux des grandes eaux, ou visitant le Palais des Chambres sous l'égide du jurisconsulte Dupin, lui permettaient de satisfaire à la fois la curiosité de son esprit et son besoin d'activité physique. Les rues de Paris étaient fort mouvementées à cette époque.
Des étalagistes disposaient leurs marchandises où bon leur semblait et quand les sergents de ville voulaient les faire déguerpir, ils protestaient en disant que, depuis les barricades, le pavé de Paris appartenait à tout le monde.
Des vendeurs criaient d'une voix tonitruante des titres de journaux, des délégations de la Société des Amis du peuple ou des Réclamants de juillet défilaient en cortège et, sur la chaussée, roulaient diligences et citadines, dans un tintamarre de grelots et de roues grinçantes.
Si la présence de dom Pedro passa presque inaperçue dans la salle de l'Odéon où l'on donnait le Masque de Fer, il n'en fut pas de même à l'Opéra la première fois qu'il y parut.
Avant le lever du rideau, les spectatrices, coiffées de capotes à plumes et rubans froufroutants, se tournaient furtivement vers la loge royale, et les lorgnettes de leurs cavaliers servants restaient braquées sur ses occupants.
La jeune reine, toute blonde et timide, était assise à côté de la duchesse de Bragance dont la robe de mous-seline de laine bleu suédois, à raies claires, était rehaussée par un coulant en brillants qui retenait sa mantille en dentelle.
Cheveux drus, noirs et bouclés, favoris épais encadrant son visage aux traits mobiles, yeux un peu saillants au regard vif et domi-nateur, bouche charnue et sensuelle, teint bistreux sous le reflet des lustres — tel apparaissait dom Pedro aux habitués de l'Opéra.
Tantôt il se penchait vers sa fille, tantôt vers Amélie qui s'éventait avec grâce. Une loge d'avant-scène retenait tout particulièrement l'attention de dom Pedro: celle où venait de prendre place le dey d'Alger, les yeux cachés derrière des lunettes à lourde monture.
La présence de deux hôtes aussi illustres frappa à tel point le chroniqueur du Mercure de France qu'il en oublia presque les fandangos et boléros de l'Orgie: "Il était bien digne d'un temps de révolutions de montrer réunis à l'Opéra de Paris, un dey d'Alger, renversé par nous-mêmes, et un empereur du Brésil, aussi détrôné, devenus l'un pour l'autre un objet de curiosité I L'ex-empereur constitutionnel d'un État nouveau d'Amérique ayant abdiqué le trône du Portugal, père d'une reine dépossédée, époux d'une Beauharnais, dont la pré-sence et le nom rappelaient des vicissitudes non moins étranges I Il y aurait à faire sur tout cela des réflexions qui nous éloigneraient singulièrement des roulades et des pirouettes dont nous avons mission de nous occuper [Castellane, Journal, II, p. 448]" (1).
Sur le plan politique, le roi de France et l'ex-empereur du Brésil observaient tous deux une attitude circonspecte et c'était avec un certain mépris que dom Pedro appelait, dans sa correspondance, le successeur de Charles X "le Citoyen".
Sur le plan mondain cependant leurs relations étaient des plus cordiales. Dom Pedro était souvent l'hôte du Palais-Royal, jouait au billard avec le roi, assistait à ses côtés aux manoeuvres dans la cour du Carrousel ou à Vin-cennes, disposait de la loge royale à l'Opéra, à la Comédie-Française.
Le destin avait d'ailleurs parsemé leur vie de maintes analogies. Tous deux se piquaient d'être des monarques constitutionnels et, accusés de flirter avec la franc-maçonnerie, se voyaient traités avec désinvolture par les dynasties régnantes, sans pour autant arriver à capter la confiance des libéraux.
Leurs caractères même n'étaient pas sans présenter des points communs. Si Mine de Genlis avait de bonne heure habitué son élève aux sports en plein air, dom Pedro, dans la lointaine cour de Rio de Janeiro s'adonnait librement à tous les exercices violents, lutte ou équitation.
Affectant la plus grande simplicité, ils cachaient tous deux sous leur bonhomie apparente des goûts aristocratiques, s'intéressaient aux arts, avaient l'esprit ouvert. Ils partageaient ce souci un peu exagéré des biens terrestres, cette pointe d'avarice qui parfois leur faisait lésiner sur une dépense, annoter les livres de comptes, rogner sur un pourboire.
Aussi quand la Mode se lassait de railler les menus du Palais-Royal où le gigot apparaissait successivement sous sa figure naturelle, ensuite froid, puis en ragoût, et finalement en hâchis, c'était à l'ex-empereur du Brésil que la revue carliste s'en prenait, rapportant sa discussion avec un cocher, ses démêlés avec un coiffeur [...](1)
(1) Denise Dalbian, Une fin d'été à Meudon
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